Un point de vue sur la psychomotricité et l'autisme

À l'heure où les particularités sensorielles font partie des critères diagnostiques de l'autisme, l'intervention psychomotrice a toute sa place dans le soutien aux personnes avec autisme. De plus, il y a de très nombreux intervenants dans les écoles et les institutions.

Il existe de bonnes pratiques en psychomotricité qui tiennent compte des connaissances scientifiques actuelles. Preuve en est la deuxième édition de l'ouvrage dirigé par J. Perrin et T. Maffre "Autisme et psychomotricité" parue en 2019 chez DeBoeck. La formation proposée par l'Université de Toulouse en France est à cet égard exemplaire. On en trouvera un très bon résumé dans le texte joint de Monsieur Chauvé. L'association suisse de psychomotricité (www.psychomotricite-suisse.ch) rend compte de formations continues qui permettent de se spécialiser dans les interventions auprès des personnes avec autisme (voir le bulletin ci-dessous).

Dans le texte ci-dessous, la formation de base en Suisse romande a été mise en perspective par Antoine Chauvé, psychomotricien qui intervient auprès des jeunes enfants et qui a été formé dans les années 2015-2020. Son titre: l'intervention psychomotrice auprès des personnes avec TSA: chronique d'une désillusion. Le texte de 18 pages (dont 5 de notes) présente d'abord l'importance de cette intervention pour accompagner les personnes avec autisme. Un regard critique est alors développé. Il s'agit des dérives de la discipline minée par l'approche psychanalytique (la "gorgone psychanalytique" à la page 2 et les "fossoyeurs" à la page 4). Le témoignage de l'auteur dès la page 6 apporte de nombreux exemples des enseignements reçus dans sa formation. Le texte se termine par "les raisons d'espérer", le cheminement de la psychomotricité vers une approche validée scientifiquement.

Ce texte est important pour son témoignage sur la formation lacunaire dispensée en Suisse romande. Il permet de mieux comprendre pourquoi de nombreux psychomotriciens apparaissent aux parents peu au courant des interventions validées. Il est édifiant et important à connaître pour les parents et les personnes autistes confrontées aux praticiens de cette discipline. En effet, la psychomotricité dans sa tradition française et romande est encore très imprégnée de conceptions surannées de l'autisme, confondant l'autisme et la psychose, relayant les théories du rôle de la mère dans la venue du trouble et n'apportant pas de soutien adapté, se limitant à des interventions non validées scientifiquement et même dangereuses comme le packing.

Il convient donc d'être attentif aux formations continues des psychomotriciens et psychomotriciennes qui interviennent auprès des personnes autistes. La formation de base peut être encore lacunaire en ce qui concerne les bonnes pratiques d'intervention en autisme. Il y a certainement de nombreux psychomotriciens qui ont développé un regard critique sur leur formation et qui mettent en place des interventions basées sur les preuves, il faudrait l'exiger de tous, ce que s'emploie à défendre l'association suisse de psychomotricité.